Chapitre 9 : la gendarmerie, la poste, la mairie, les lavoirs, l’éclairage

C'est en 1791 que la maréchaussée de l'Ancien Régime prend le nom de Gendarmerie.
En 1834, il est prévu une brigade de huit gendarmes à pied.
En haut lieu, on se méfie un peu de notre commune. On n'a pas oublié que, durant la
Révolution, nombreux avaient été ceux qui avaient tenu tête aux Républicains.
C'est ainsi qu'en septembre 1799 un convoi transportant de la poudre, pourtant escorté de
soldats en grand nombre, avait été attaqué par les Chouans sur le territoire de Précigné.
On avait déploré plusieurs morts dans chaque camp.
Le refus du Conseil municipal de prêter serment au nouveau roi, Louis-Philippe, en 1830, fait
mauvaise impression.
A Précigné, nombreux sont les « légitimistes » restés attachés à Charles X, frère du
malheureux roi Louis XVI.
Des troubles éclatent en 1832. En 1848, quelques Précignéens fêtent la chute de celui qu'ils
considèrent comme un usurpateur.
Bref, vu la population importante et les risques d'agitation, il est jugé utile que Précigné
possède une gendarmerie efficace. Mais, en 1845, il semble que rien n'a été fait puisque le
Conseil municipal réclame toujours la création d'une brigade de gendarmerie.
Il existe aussi une Garde nationale. Créée au début de la Révolution, placée sous l'autorité du
maire et du préfet, c'est une milice de citoyens chargée de maintenir l'ordre et défendre les
biens et les personnes. Elle est dissoute par la IIIème République en 1871.
La gendarmerie de Précigné a été déplacée sur Sablé au début des années 2000.
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Pendant la première moitié du XIXème siècle, Précigné n'a pas de poste et dépend de celle
de Sablé. Le courrier est distribué par des facteurs, d'abord un jour sur deux, puis tous les
jours et finalement deux fois par jour.
En 1852, Précigné réclame un bureau de poste. Celui-ci est installé Grande Rue, qui, alors,
prend le nom de rue de la Poste, aujourd'hui numéro 13. Jugé peu central ( ! ), on fixe une
boite aux lettres sur le mur de l'église. La poste est ouverte tous les jours, même le dimanche
et le Conseil municipal refuse catégoriquement qu'elle puisse fermer ce jour-là. Après 1863,
le courrier est acheminé jusqu'à Sablé par le train. En 1912, il est distribué par deux facteurs.
Au début du XXème siècle, lorsque la poste est transférée place Saint-Pierre, la commune
refuse de payer cette nouvelle installation. Par contre, en 1960, elle sera obligée de participer
à sa reconstruction.
Il faudra attendre 1882 pour obtenir le télégraphe jugé indispensable pour un village si
important qui possède une gendarmerie. Quant au téléphone, c'est en novembre 1900 que
Précigné est rattaché au réseau téléphonique de la Sarthe.
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Une fois la nouvelle école ouverte en 1892, le Conseil municipal se penche sur le problème
de la mairie. On a renoncé au projet d'installer mairie et école dans le même bâtiment et on
envisage de construire une mairie. Finalement, le Conseil décide de faire réparer l'ancienne
école, bien située au coeur du village, et d'en faire la mairie où elle se trouve toujours.
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Au XIXème siècle, les femmes lavent le linge dans la Voutonne-la-Creuse aux eaux plus ou
moins propres. En 1855, un premier lavoir est aménagé près du pont qu'on a surnommé
l'Arche des Soeurs, au bas de la rue Alain de Rougé ; il sera couvert en 1885. Deux autres
lavoirs sont construits en 1888, l'un ruelle de Champagne, l'autre rue de Berlin.
En 1946, le lavoir de la rue Alain de Rougé sera reconstruit : agrandi et modernisé, il est
équipé de robinets qui amènent l'eau du service d'eau ; les autres lavoirs seront abandonnés.
L'installation du service d'eau, dans les années trente, contribue à réduire leur usage. Dans
cet immédiat après guerre, les caisses de la commune sont si vides, qu'on fait faire un
emprunt.
Nombreux sont les jardins riverains de la Voutonne. Beaucoup sont dotés d'un lavoir ou d'un
abord au ruisseau ; certains sont privatifs mais la plupart servent à plusieurs personnes. On y
accède par des venelles ou des passages allant de jardin en jardin. Ces accès sont encore
utilisés de nos jours. Par contre, peu de lavoirs ont survécu.
Dans les maisons, au XIXème siècle, on ne dispose pas de l'eau courante. Les mieux
pourvus possèdent un puits dans leur jardin, les autres doivent se ravitailler aux puits publics
ou communs.
Route de Pincé, existe une fontaine connue sous le nom de Fontaine de Berlin. Une autre
appelée « Fontaine de l'Epine » se trouve route de Sablé.
Les animaux peuvent boire à l'abreuvoir du Pont Fautras ; on voit encore la descente y
conduisant.
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Une bascule, fort utile au commerce agricole pour peser les charrettes et le petit bétail, est
installée en 1889 place de la Fleuranterie qu'on prend l'habitude d'appeler place de la
Bascule.
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Le bourg s'illumine au cours de l'année 1886 grâce à l'achat de treize réverbères qui
fonctionnent au gaz et qu'il faut allumer et éteindre manuellement chaque jour. Cela crée un
emploi et une dépense supplémentaire puisqu'il faut embaucher un allumeur de réverbères
qui s'ajoute au facteur, au porteur de télégrammes, au cantonnier du cimetière, au secrétaire
et au concierge de la mairie, au tambour-afficheur chargé des annonces qu'il fait à l'angle de
la place Saint-Pierre et de la route du Pé, au receveur municipal, au spécialiste de l'entretien
de l'horloge et au garde-champêtre, bien utile vu l'étendue et l'importance de la commune
dont l' embauche répondait à beaucoup de critères : ce devait être un homme de plus de
vingt-cinq ans, probe, intelligent, sachant lire et écrire, de bonnes vie et moeurs.
Devinez ce que deviendront les réverbères une fois passés de mode ? La municipalité les
mettra en vente en 1950, expliquant tout le parti qu'on en pourra tirer : la partie supérieure
inversée fera une parfaite cloche de jardin !
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Pour finir ce tour d'horizon de Précigné au XIXème siècle, amusons-nous de cet arrêté du
maire, en date du 8 août 1826 :
« Le maire informe que des personnes se permettent d'aller se baigner en plein jour dans la
Voutonne, exposées aux regards publics, se mettant dans une nudité complète.
Arrête que quiconque voudra se baigner sans être vêtu, ne pourra le faire qu'avant le lever ou
après le coucher du soleil ».
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Précigné, malgré ses énormes difficultés financières, aura réussi à progresser tout au long du
siècle. Ce fut lent et laborieux mais, grâce à des maires ambitieux, tenaces, dévoués, la
commune sera prête pour le XXème siècle.
E.M